LE RETRAITEMENT ET LES DECHETS NUCLEAIRES

LES OBJECTIFS DU RETRAITEMENT
Le retraitement consiste à :
• récupérer la matière encore utilisable, le plutonium et l’uranium, pour produire à nouveau de l’électricité. C’est le recyclage des matières énergétiques contenues dans les combustibles usés ;
• trier les déchets radioactifs non récupérables.
Certains pays n’ont pas opté pour le retraitement, par exemple, la Suède et les États-Unis. Dans ce cas, les combustibles usés sont considérés comme des déchets et sont directement stockés après leur retrait du réacteur. Les pays ayant choisi d’avoir une usine de retraitement sont la France, la Grande-Bretagne, la Russie et le Japon. D’autres pays comme l’Allemagne, la Suisse et la Belgique font retraiter dans d’autres pays (notamment en France).

L'EXTRACTION DES PRODUITS DE FISSION
Lors de leur arrivée dans l’usine de retraitement, les assemblages de combustible usés sont de nouveau entreposés dans une piscine. Ils sont ensuite cisaillés en petits tronçons, lesquels sont alors introduits dans une solution chimique qui dissout le combustible mais laisse intacts les morceaux métalliques (gaines…). Ceux-ci seront stockés comme déchets nucléaires. Des traitements chimiques successifs sur le combustible en solution permettent de séparer le plutonium et l’uranium des produits de fission. Ces derniers seront intégrés dans des verres spéciaux (vitrification) et stockés comme déchets nucléaires. L’uranium et le plutonium, qui représentent 96 % de l’ensemble, sont séparés et conditionnés séparément.

LE RECYCLAGE DES MATIÈRES COMBUSTIBLES
L’utilisation du plutonium issu du retraitement fait l’objet de nombreuses études, notamment au CEA. De nouveaux combustibles composés d’un mélange d’oxyde d’uranium et oxyde de plutonium (appelés Mox, de l'anglais “Mixed Oxides”) sont déjà utilisés dans certains réacteurs (REP) d’EDF. De plus, en ce qui concerne l’uranium récupéré au cours du retraitement et qui est encore légèrement plus riche que l’uranium naturel (environ 1 % d’uranium 235), il pourra être à nouveau enrichi à plus de 3 % et suivre une voie analogue à celle d’un combustible ordinaire.

LA PRODUCTION DE DÉCHETS NUCLÉAIRES EN FRANCE
Toute activité humaine génère des déchets. La croissance démographique et industrielle s’accompagne d’un accroissement du volume de déchets à traiter, conditionner, recycler ou stocker lorsque le recyclage n’est pas possible.
L’industrie nucléaire n’échappe pas à la règle. Cependant, ces déchets ne constituent qu’une part minime des déchets produits par la société. À titre de comparaison, la quantité annuelle de déchets industriels produits en France, par habitant, est de 2 500 kg (dont 100 kg de déchets toxiques) contre 1 kg environ de déchets nucléaires. Dans ce kilo, seuls 10 g sont des déchets de haute activité. La quantité n’est cependant pas le seul aspect à prendre en compte ; la toxicité est aussi très importante. C’est pourquoi les recherches sur le traitement et le stockage de ces déchets font l’objet de nombreuses études.
Les déchets nucléaires sont produits à toutes les étapes du cycle du combustible nucléaire : extraction minière, enrichissement de l’uranium, fabrication des assemblages, exploitation des réacteurs, retraitement. Ils sont aussi engendrés lors du démantèlement des installations nucléaires. S’y ajoutent les déchets radioactifs produits par les centres de recherche (CEA…), ainsi que les industries et hôpitaux utilisant des éléments radioactifs.

LES DECHETS ISSUS DE LA FUSION

Il existe trois types de déchets radioactifs qui sont manipulés et traités différemment selon leur niveau de radioactivité :

    Les déchets radioactifs, extraits et triés par la Cogema dans les centres de retraitement de La Hague et Marcoule, sont produits à chaque étape du cycle du combustible : extraction du minerai d'uranium, fabrication du combustible, exploitation des centrales, retraitement du combustible irradié. Le recyclage est privilégié : ainsi, l'uranium non consommé, mais présent dans le combustible usé, et la quasi totalité du plutonium produit par la fission, sont réutilisés comme combustible dans les réacteurs. Ces opérations permettent de réduire de moitié le volume final des déchets de haute activité.

    Les déchets restants sont classés en trois catégories selon leur niveau de radioactivité et leur durée de vie.

LA RECHERCHE SUR LES DÉCHETS À VIE LONGUE
La réduction du volume et de l’activité des déchets solides et liquides est au premier rang des objectifs de recherche et développement qui comprennent :
la recherche, effectuée au CEA, de solutions permettant la séparation et la transmutation des éléments radioactifs à vie longue présents dans ces déchets ;
l’étude, au CEA, de procédés de conditionnement et d’entreposage de longue durée en surface ou en subsurface ;
l’étude des possibilités de stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes, notamment grâce à la réalisation de laboratoires souterrains, effectuée par l’Andra. La protection de l’homme et de son environnement est une composante majeure des travaux des chercheurs et ingénieurs du CEA, qui apportent un soin particulier à la mise au point de procédés et technologies visant à diminuer sans cesse les risques liés à la radioactivité. Au quotidien, une même attention vise la gestion des déchets liés à leurs propres activités de recherche.

LA GESTION DU COMBUSTIBLE USÉ

Le déchargement et le transport jusqu'à l'usine de retraitement

 

Le renouvellement du combustible au sein du réacteur s’effectue sous l’eau afin de protéger le personnel de la centrale des rayonnements radioactifs : la cuve du réacteur est en communication avec une piscine et les barres de combustible sont manipulées au moyen d’une grue pour être transférées dans cette piscine. Elles y restent ensuite environ 2 ans, temps nécessaire à la décroissance d’une partie de la radioactivité.
Puis, toujours sous l’écran d’eau de la piscine, les barres de combustible sont placées dans des conteneurs blindés, nommés « châteaux », conçus en acier et en plomb et épais de 45 cm, ils assurent la protection contre les rayonnements radioactifs et peuvent résister à des chocs très violents (le transport s’effectuant  par route ou par voie ferrée). Les déchets radioactifs sont ainsi acheminés jusqu’à l’usine de retraitement de La Hague, dans le Nord-Cotentin.

Le retraitement

 

Arrivés à l’usine, les déchets sont retirés des châteaux toujours sous eau, et restent de 3 à 5 ans en piscine afin qu’ils perdent encore une partie de leur radioactivité. Puis, les assemblages sont découpés et traités à l’acide nitrique pour séparer le combustible des gaines pour lesquelles un conditionnement spécifique est prévu.
Le combustible récupéré est ensuite trié : les 3% de produits de fission sont stockés provisoirement dans des cuves en acier ; l’uranium encore légèrement enrichi (95% de 238U et 1% de 235U) est renvoyé vers les usines de reconversion pour être à nouveau enrichi ; le plutonium (apparu suite aux transformations subies par 1% de l’uranium 238) sera lui aussi reconverti.

L'entreposage

 

Après un stockage pendant un temps limité durant lequel ils perdent une partie de leur radioactivité et de leur chaleur, les produits de fission subissent une évaporation et sont calcinés. Les cendres sont mélangées à des granulés de verre en fusion dans un four à 1150°C, cette étape s’appelle la vitrification. Ils sont ensuite entreposés dans des puits de béton durant 30 à 40 ans avant leur transfert sur un site de stockage définitif. En raison de la date de début d’exploitation des centrales, ces déchets sont encore tous dans cette phase d’entreposage sur le site de La Hague, dans le Nord-Cotentin.

Les différentes solutions envisagées pour un stockage des déchets à vie longue

 

Un programme de recherches, défini par la loi du 30 décembre 1991, a fixé un délai de 15 ans pour explorer différentes solutions à l’amélioration de ce stockage :
 
  • L’implantation d’un laboratoire de recherches à 400 mètres de profondeur dans la Meuse collectant les données géologiques du site en vue d’un éventuel stockage souterrain.
  • La transmutation, c’est à dire le bombardement de protons ou de neutrons sur des déchets à vie longue pour les transformer en déchets à vie plus courte.
  • L’amélioration des techniques chimiques de séparation des déchets à vie longue afin de réduire leur volume et leur activité.

 

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