L'Homme

  1. Apparition du langage

  1. Facteur anatomique

On a d'abord émis l'hypothèse d'une apparition d'un langage uniquement chez l'Homo Sapiens, car d'après l'étude de son appareil vocal, il aurait été le seul à pouvoir parler, grâce à la position de son larynx, de son pharynx et de son tractus vocal.

Cependant, des études plus précises sur l'appareil vocal ont montré que l'Homo Erectus pouvait tout de même articuler des sons identiques à ceux d'un enfant de deux ans, et donc produire un vocabulaire assez varié. De plus, les migrations en Asie, en Océanie et en Europe ne peuvent avoir été accomplies qu'avec une forme de communication sophistiquée, bien que passable.

Enfin, l'anatomie de l'appareil vocal n'est pas un argument décisif pour l'apparition du langage. Il existe en effet d'autre formes de langages que le langage parlé (langage des signes,...).

  1. Facteur génétique

En 2001, des chercheurs du Max Planck Institute for Evolutionnary Anthropology (Leipzig, Allemagne) ont découvert l’existence d’un gène du langage, nommé FOXP2. Les personnes présentant des défauts dans ce gène sont confrontées à d’importantes difficultés au niveau de la parole et de la grammaire. Les chercheurs ont ensuite comparé la version humaine de ce gène avec les versions du chimpanzé, du gorille, du macaque rhésus, de l’orang-outan et de la souris. Le FOXP2 humain contient deux différences clefs par rapport à ces animaux. Ce changement dans la lignée humaine aurait eu des conséquences sur la capacité de l’homme à mouvoir finement la bouche et le larynx et ainsi à développer le langage articulé, d’après Wolfgang Enard, un des membre de l’équipe.

Il a estimé que les modifications génétiques se seraient généralisées au cours des 200 000 dernières années, période d’émergence des hommes modernes. Elles aurait au début procurées à certains individus un avantage en raison de leur capacité à communiquer plus clairement (Simon Fisher, du Wellcome Trust Centre for Human Genetics de l’université d’Oxford). Il s’agirait du premier des nombreux gènes de la parole à être découvert.

 

  1. Facteur cérébral et culturel

    PROTOCOLE

Il existe cependant plusieurs thèses sur la relation entre le cerveau et l'apparition du langage:

On remarque que les premiers hommes possèdent un encéphale plus important que leurs ancêtres les australopithèques ; en effet, le développement cérébral de ceux-ci est accompagné de nouvelles organisations structurales, leurs cerveaux présentent une plus grande asymétrie entre partie gauche et droite. Ces asymétries, dites petalia, se manifestent par un renflement du lobe frontal droit par rapport au lobe correspondant gauche.

L’évolution du réseau de veines méningées du cerveau au cours du temps montre, comparé aux australopithèques, que les premiers hommes possèdent un réseau plus dense au niveau frontal, temporal et pariétal, ce qui revient à dire que ces zones du cortex cérébral sont fonctionnellement plus actives. Cette tendance ne cessera de s’affirmer dans l’évolution de la lignée humaine. L’évolution des réseaux de veines méningées est proportionnelle à un développement des fonctions traitées par les aires pariétale et frontale du cerveau, où sont domiciliées deux des principales aires du langage : les aires de Wernicke et de Broca.

L’aire de Broca assurant la structure des phrases alors que l’aire de Wernicke se charge de la construction sémantique de celles-ci.

Des chercheurs ont mis en évidence, depuis plus de deux décennies, l’existence d’une aire de Broca sur les Homo Habilis. Ceux-ci possédaient donc manifestement les structures cérébrales nécessaire à la production d’un langage parlé. En les comparant aux singes, des observations des premiers hommes révèlent une possibilité d’utilisation d’un langage articulé, en admettant qu’ils possédaient un langage. On peut donc admettre sans trop s’avancer que les hommes pratiquaient un mode de communication multimodal mobilisant des vocalisations sémantiques.

RESULTATS DE L'EXPERIENCE :

 

Nom Age (millions d'années)
 
Masse de semoule (g) Volume cérébral (cm3)

 

 

 
187,73 250
Chimpanzé
 

 
305,21 406,45
Australopithecus boisei -2,4 -1,2 342,98 456,75
Homo Erectus Pekinensis -1 -0,3 587,4 782,24
Homo Sapiens Neandertal -0,12 -0,13 909,12 1210,67
Homo Sapiens Cro-Magnon -0,04 -0,02 1207,06 1607,44
Homo Sapiens Sapiens -0,01 0 976,57 1300,50

 

 

 

 

 
Masse volumique de la semoule :
 

 
0,75
 

AUTRES RESULTATS NON FOURNIS PAR L'EXPERIENCE :

 
Nom Age (millions d'années)
 
Volume cérébral (cm3)
 

 
Maximum Minimum Minimum Maximum
Australopithecus afarensis 4,1 2,9 380 430
Kenyanthropus platyops 3,5 3 400 500
Australopithecus africanus 3,5 2,5 450 530
Australopithecus gahri 2,6 2,6 450 450
Paranthropus aethiopicus 2,7 2,3 420 420
Homo habilis 2,5 1,6 550 680
Homo rudolfensis 2,4 1,7 650 750
Paranthropus boisei 2,4 1,2 500 600
Paranthropus robustus 2,2 1 450 500
Homo ergaster 1,9 1 800 950
Homo erectus 1 0,3 900 1100
Homo heidelbergensis 0,8 0,3 1000 1300
Homo neanderthalensis 0,12 0,13 1500 1750
Homo sapiens ancien 0,12 0,01 1650 1650
Homo sapiens actuel 0,01 0 1350 1350

  1. Cerveau et langage construit

Il existe trois ensembles de structures neuronales :

La région périsylvienne postérieure sert à enregistrer les informations auditives et kinesthésiques concernant les phonèmes et les mots. Elle est connectée aux cortex moteur et pré -moteur, double connexion qui joue un rôle très important dans la production des phonèmes, et qui peut être commandée par le circuit cortical et/ou sous-cortical.

La voie sous-corticale permet l'acquisition des automatismes linguistiques; la voie corticale assure le langage conscient acquis par l'apprentissage associatif. Le système associatif cortical et le système automatique sous- cortical semblent opérer en parallèle dans le traitement du langage.

La région périsylvienne antérieure contient des structures neuronales qui commandent rythme d'élocution et grammaire. Comme pour la région périsylvienne postérieure, des connexions existent au niveau des ganglions de la base. De plus, l'ensemble de ces structures est fortement lié au cervelet, avec lequel il reçoit des projections de nombreuses régions sensorielles du cortex, et renvoie des projections aux régions motrices. Le rôle du cervelet dans le langage reste cependant inconnu.

Il est possible que les systèmes neuronaux de cette région contiennent également les centres d'assemblage syntaxique (des lésions de cette région perturbent l’expression et la compréhension des structures grammaticales), les ganglions de la base pouvant jouer un rôle dans l'assemblage des mots en phrases.

Enfin, les systèmes neuronaux de médiation servent d’intermédiaire entre les systèmes qui traitent les concepts et ceux qui produisent les mots et les phrases. Il semble qu’ils déterminent quels mots utiliser pour exprimer différents concepts, ainsi que la syntaxe qui permet d’exprimer les relations qui existent entre ces concepts. Lorsque nous parlons, ils gouvernent les systèmes qui commandent la formation des mots et la syntaxe; et inversement, lorsque nous écoutons, ces systèmes commandent ces systèmes de médiation.

Le cerveau utilise probablement différents systèmes neuronaux pour représenter des entités différentes par leur structure, leur comportement ou la façon dont on les considère. Les centres de médiations lexicales sont localisés dans des régions cérébrales particulières et les structures neuronales reliant les concepts et les mots, notamment, se trouve le long de l'axe occipito-temporal du cerveau.

Pour de nombreux concepts généraux, la médiation semble avoir lieu dans les zones les plus postérieures de la région temporale gauche.

Pour les concepts plus spécialisés, elle se produit plus en avant, près du pôle temporal gauche.

Le segment temporal de la 5e circonvolution occipitale gauche gouverne la médiation entre les concepts et les noms de couleurs ; les structures neuronales situées à l'extrémité du réseau, dans le lobe temporal antérieur gauche commande la médiation entre les concepts et les noms de personnes ; le cortex temporal antérieur et médian perturbe l'utilisation des noms communs mais pas celle des noms de couleurs.

Les systèmes de médiation des verbes semblent se trouver dans les régions frontale et pariétale. Une lésion des ces régions perturbe l'expression des verbes, des pronoms et des conjonctions ainsi que la syntaxe.

 
Les composants d'un langage articulé:

Phonème: élément sonore dont l'enchaînement, dans un ordre donné, forme les morphèmes

Morphème: unité linguistique minimale ayant un sens ou dont la combinaison crée des mots

Syntaxe (ou grammaire): arrangement des mots dans les phrases selon un ordre obéissant à des règles précises.

Lexique: ensemble des mots d'une langue. Chaque élément du lexique indique les morphèmes et la syntaxe du mot correspondant, mais ne fournit pas son sens.

Sémantique: sens correspondant à chaque élément du lexique et à chaque phrase possible.

Prosodie: intonation vocale susceptible de modifier le sens littéral des mots et des phrases.

Discours: suite de phrases formant une narration.


 

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